Au loin, dans le brouillard, à quelques kilomètres de Cracovie, se trouve une ville oubliée du temps.
Nova Huta, ex-cité communiste, construite sous l’ordre de Joseph Staline afin d’exploiter un métal caché qui n’a jamais existé. Ici, seules persistent les séquelles des rêves illusoires communistes, qui ont semble-y-il, laissé des traces indélébiles sur ces grands blocs que le soleil peine à éclairer.
En dehors de cette cité, il y a la banlieue que l’on accède en traversant le parc. Puis il faut passer sur un vieux pont fait de béton et de grillages. Il y a des arbres, des petites maisons détruites et le seul magasin est un petit container rouge de la taille d’un demi autobus. En marchant dans les rues, les gens semblent un peu plus souriants et le soleil touche quand à lui le sol sans trop de difficulté. Dans cette banlieue se trouvait un petit parc (le seul), un accordéoniste y jouait les Quatre Saisons et moi, je me croyais dans un autre monde. C’est fou, à un kilomètre de distance, les choses n’étaient pas du tout les mêmes. Là-bas on étouffe et ici on souffle et tout semble calme et apaisé. 
A Nowa Huta, les gens sont pudiques et se cachent derrière de grandes fenêtres encore recouvertes des rideaux rouges du passé. L’ambiance est pesante autant que l’air est lourd. Dans les rues désertes, les enfants jouent seuls avec une insouciance déconcertante au milieu des voitures. Ici, je me sens à mon aise, même si l’endroit n’est pas des plus accueillant, personne ne semble faire attention à moi, les gens sont silencieux et ça me va. J’aime le silence car pour moi il s’apparente à la solitude. Cette solitude, je la ressens ici comme nulle part ailleurs. 
La journée, la nuit, tout est gris et pas grand chose ne m’inspire car je pense que nous sommes attirés instinctivement par la lumière, elle rend les choses plus belles et attrayantes, mais on oublie souvent que derrière les ombres des nuages se cachent des trésors.
Comme à mon habitude, je n’ai pas voulu me contenter d’un seul endroit, j’ai voulu considérer ce travail comme une errance de plus. Ce travail n’est donc pas uniquement sur Nowa Huta comme il devait l’être initialement. Cet endroit était juste un prétexte pour faire des images et explorer autant que la lumière et mes pieds me le permettaient.
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